EN BREF
Avec son Orchestre de mandoline des minots de Marseille, le virtuose Vincent Beer Demandeur donne à 250 enfants de milieux défavorisés le goût de la pratique musicale.
Produit et publié par La Gazette des communes le 17 juin 2024
« À Marseille, l’OMMM, c’est une fierté ! » se réjouit Stéphane Oualid. Ce directeur de l’école maternelle Édouard Vaillant, situé dans le 3e arrondissement, ne parle pas de football, mais de l’Orchestre de mandoline des minots de Marseille. Une action d’éducation artistique et culturelle (EAC) lancée en 2020 par le virtuose de la mandoline Vincent Beer Demandeur.
Depuis, chaque semaine, vingt élèves de cette école, en moyenne et grande section, y apprennent à pincer les cordes. Puis, le samedi matin, ils se rendent au conservatoire de musique pour deux heures de répétition au sein de l’OMMM. Un orchestre composé de quatre-vingts enfants, tous issus de quartiers ou de familles « en grande détresse sociale », insiste Maxime Vagner, directeur délégué de « VBD & Co », la compagnie de Vincent Beer Demandeur.
Une pratique musicale exigeante
L’initiative est née en 2020, en pleine crise sanitaire. « Nous cherchions des activités pour les enfants qui ne pouvaient pas partir en vacances », témoigne Fabienne Serina, chargée de mission auprès du préfet délégué pour l’égalité des chances. Nous avons eu l’idée de cette pratique musicale exigeante, une occupation dont les enfants n’avaient pas l’habitude. » Au terme des cinq jours d’initiation à l’instrument, quatre enfants des quartiers Nord ont demandé à entrer au conservatoire. « On ne pouvait pas les faire rêver sans rien leur proposer », se souvient Maxime Vagner. La préfecture accepte de financer la suite, au titre de la politique de la ville. Chaque semaine, la compagnie interviendra une heure au centre social.
Puis la maternelle Edouard Vaillant se montre intéressée et se greffe au projet, ainsi que les écoles maternelle et élémentaire Air Bel, dans un quartier prioritaire de l’Est de la ville. De fil en aiguille, ce sont aujourd’hui 250 enfants de 4 à 11 ans qui profitent chaque semaine de cet enseignement, entre trente minutes et une heure, selon l’âge. « Un tiers seulement viennent au conservatoire Pierre Barbizet le samedi matin pour les répétitions de l’orchestre », précise Maxime Vagner, car la compagnie est limitée par le nombre d’instruments, un parc composé de 95 mandolines, subventionné par la ville de Marseille.
Ouverture d’esprit
L’ambition est de faire de l’OMMM « un sas pour entrer au conservatoire », précise Maxime Vagner. Il s’agit aussi d’initier les enfants au spectacle vivant, « pour développer leurs envies, leurs goûts. » Car leur engouement pour la mandoline, cet instrument datant du XVIe siècle, populaire à Marseille avant-guerre, mais tombé depuis en désuétude, en a surpris plus d’un. « Nous retissons des liens avec une histoire forte du patrimoine », se réjouit Maxime Vagner. Stéphane Oualid, de son côté, n’y voit que des avantages : « La mandoline demande des habilités motrices fines transférables à l’écriture, au dessin. Les enfants doivent aussi se concentrer sur le long terme dans la perspective du concert de juillet. »
Maxime Vagner insiste sur l’exigence du dispositif. « Nous ne sommes pas des animateurs musicaux. Nous leur apprenons la discipline de la musique, l’écoute, la concentration. À la fin de l’année, ils sont fiers de participer au festival international de mandoline de Marseille. » Seule ombre au tableau : la mobilité du samedi matin. « Il faudrait des éducateurs pour accompagner les enfants en bus », plaide le directeur. Un vœu impossible à réaliser au vu de la faiblesse des transports collectifs marseillais, concède Jean-Marc Coppola, élu (PS) en charge de la culture : « cela créerait un précédent pour toutes les autres associations. »